J'aurais aimé te voir une dernière fois

L'auteure, d'une plume précise et bien ciselée, démontre adroitement à quel point la perte et la tourmente de l’amour, quand elles surgissent, n’épargnent personne, même et peut-être davantage si l’on est né dans un milieu aisé, voire doré, comme un certain fonds de la jeunesse américaine , auquel appartient Hayley. Elle démontre également l'égocentrisme et l'indifférence d'une société qui, le plus souvent, ne s'occupe des autres que lorsque « tout va bien ».  Le lecteur découvre ici, de façon magistrale, quoique discrète, le comportement d'une société en pleine décadence.

Notre jeune écrivaine traite aussi de l’amitié entre deux jeunes femmes, et des limites au-delà desquelles il n'est pas permis d'aller, sous peine de risquer sa propre vie ou du moins son équilibre psychique. La plume délicate de la romancière touche aux thèmes fondamentaux de l'existence, et  qui se révèlent au lecteur dans le point le plus extrême de sa réflexion : « Vis ou meurs. Marche ou crève. Souffre ou ne ressens plus jamais rien, ni joie, ni douleur, ni  colère. »  Finalement, il faudrait d’abord répondre à cette question fondamentale : « Survivre à un tel deuil, ou se laisser mourir ?»« Etre ou ne pas être » ? « Etre ou ne plus être » ? Ce récit profond, avec ses dialogues percutants et ses multiples ambiances de ‘road-movie’, revêt une connotation très cinématographique. Saluons le talent de notre nouvelle auteure.